Un rapport publié le 26 mai par l'Anses, l'agence sanitaire française (1), visait à répondre à la question : quelles recommandations nutritionnelles peuvent être faites (par les autorités de santé) sur la base des données scientifiques disponibles?
Le rapport conclut notamment, ce qui a largement fait les titres de manchettes, qu'il n'existe pas d'aliment ou de nutriment « anticancer » en soi. "La consommation d'un aliment en particulier n'est pas suffisante, à elle seule, pour prévenir l'apparition d'un cancer, surtout lorsque l'alimentation dans son ensemble est déséquilibrée."
- La recommandation qui pourrait être faite à l'heure actuelle serait de réduire les risques d'excès ou de déficits en nutriments, en ayant une alimentation équilibrée (les proportions recommandées dans tous les groupes alimentaires) et diversifiée avec un apport en calories qui ne dépasse pas le besoin tout en ayant une activité physique régulière.
Mais dans un contexte d'alimentation la plus équilibrée possible, n'y a-t-il pas des aliments et des nutriments qui contribuent plus fortement que d'autres à réduire le risque de cancer? Tels que vitamine D, curcuma, thé vert, grenade, ail et oignon, quercétine et sélénium pour n'en nommer que quelques uns?
Fort probablement. L'Anses adopte une démarche qui consiste à ne recommander que les aliments qui seraient anti-cancer hors de tout doute en "l’état actuel des connaissances". Pour cette raison elle ne peut en recommander aucun, les études portant sur des aliments particuliers pouvant avoir des propriétés anti-cancer étant insuffisantes ou ayant des résultats contradictoires.
Par exemple: "certains microconstituants des plantes aromatiques et épices (comme les flavones du thym et du persil, les catéchines du thé, les polyphénols du curcuma) présentent des propriétés potentiellement intéressantes, mais les effets n’ont été observés qu’expérimentalement chez l’animal ou sur des cellules isolées. En l’état actuel des connaissances, on ne peut pas affirmer que la consommation de ce type de plantes ou d’épices présente un intérêt spécifique dans la prévention des cancers chez l’Homme."
La question est complexe. Des résultats d'études ont aussi été contradictoires concernant une recommandation dont l'Anses a jugé les bases scientifiques assez établies, celle de privilégier la consommation de fruits et légumes.
- Une étude publiée en 2010, qui a été largement rapportée par les médias, analysait les données de l'étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) menée avec 478 000 personnes de 10 pays européens de 1992 à 2000. Elle concluait que la consommation de fruits et légumes diminuait peu le risque de cancer. Ce risque était réduit d'environ 3 % pour chaque augmentation de 200 grammes (2 portions). Le bénéfice d'une consommation accrue était surtout notable chez les personnes qui consommaient beaucoup d'alcool, mais seulement pour les cancers reliés à la consommation d'alcool ou au tabagisme, comme ceux du poumon, de la gorge, de la bouche ou de l'œsophage.
Dans un éditorial qui accompagnait l'étude, Walter Willet de l'Université Harvard soutenait que de futures recherches devraient plutôt se concentrer sur les bienfaits de certains fruits et légumes ou nutriments en particulier. Par exemple, mentionnait-il, des études montrent que le lycopène, présent dans les tomates, aide à prévenir le cancer de la prostate.
- Cinq fruits et légumes par jour ne réduisent pas les risques de cancer, bien que leur action contre le diabète et les maladies vasculaires ne soient pas contestée, considérait le Pr David Khayat, (chef du service cancérologie à La Pitié-Salpêtrière) dans son livre Le Vrai Régime anti-cancer (Odile Jacob). Pire relevait-il, ils pourraient le favoriser, car 70% des pesticides que nous absorbons proviennent des végétaux (conseils: acheter bio, laver soigneusement).
Consulter le rapport de l'Anses.
(1) Agence nationale française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Rapport intitulé: Nutrition et cancer : légitimité de recommandations nutritionnelles dans le cadre de la prévention des cancers
Psychomédia avec sources: Anses, Le Point.
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