Après avoir examiné les deux récentes études concernant la toxicité de l’aspartame et des édulcorants, l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire (EFSA) a maintenu sa position sur leur innocuité. Dans un communiqué conjoint, le Réseau Environnement Santé (RES) et Générations Futures dénoncent l'incohérence de cette position.

  • En ce qui concerne l’étude de l’Institut Ramazzini montrant pour la 3ème fois un effet cancérogène de l'exposition de la souris mâle à l’aspartame, l’EFSA répond que le type de tumeurs et l’incidence des tumeurs rapportées apparaissent spontanément à des taux élevés chez la souris mâle et que « l’incidence accrue de ces tumeurs chez les souris exposées à l’aspartame dans l’alimentation, bien que statistiquement significative, restait dans la fourchette de contrôle historique pour ces tumeurs chez ces souris ».

    "C’est évidemment la situation habituelle dans ce type d’étude. Il y a des fluctuations inexpliquées lors de chaque expérience et c’est bien pour cela que l’on incorpore toujours un groupe témoin dans une expérience. Il serait contraire à la déontologie habituelle en toxicologie de juger l’impact d’une exposition à un toxique par rapport à une fourchette de contrôle historique", répondent les associations.

    Il est stupéfiant, disent-elles, que l’EFSA continue de repousser une étude de cancérogénicité positive, mais ne remette pas en cause sa dose journalière admissible (DJA) fondée sur 2 études datant de 1973 et 1974 qui n’ont JAMAIS été publiées. Le RES demande que toutes les études soient évaluées avec la même grille d’analyse.

  • Pour ce qui est de l’étude montrant que la consommation quotidienne de boissons light (diète) est associée à un risque accru d’accouchement prématuré lié à un déclenchement médical, nécessairement secondaire à une anomalie des paramètres de surveillance de la grossesse, l’EFSA répond que « L’étude épidémiologique, en elle-même, ne peut établir une relation de cause à effet entre la prise d’édulcorants artificiels et le risque d’accouchement prématuré ». "C’est évidemment le cas pour TOUTES les études épidémiologiques. L’EFSA ne mentionne pas l’effet dose observé, ce qui est un des critères de Bradford-Hill utilisés par les épidémiologistes pour déterminer s’il y a relation de causalité", précisent le RES et Générations futures.
  • "L’EFSA, qui aurait dû conclure que ces résultats sont suffisamment cohérents pour qu’un comportement de prudence soit recommandé aux femmes enceintes, confirme une fois encore ses déficiences du point de vue de la déontologie de l’expertise. L’EFSA ne remplit pas sa fonction de protection de la santé des Européens", considèrent-ils.

    C'est également ce que le RES concluait en octobre dernier lorsque l'EFSA a décidé de maintenir la dose journalière admissible pour le bisphénol A (BPA). C'était, disait le RES, en adoptant des normes de méthodologie désuètes, auxquelles n'adhère que l'industrie chimique, que l'EFSA mettait de côté les multiples preuves scientifiques des dangers du bisphénol. Et, ce comportement sur le BPA est "exactement de même nature que celui qu'elle a sur la question des OGM", précisait le communiqué du RES. Le RES demandait que le Parlement Européen de former une Commission d'enquête sur la déontologie de l'EFSA.

    Communiqué du RES et de Générations futures en réaction à la position de l'AFSA sur l'aspartame.

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