La faim dans le monde atteint un sommet : le nombre de personnes souffrant de sous- alimentation ayant atteint le milliard en 2009. Qu'attendre du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, organisé à Rome du 16 au 18 novembre sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)?

Le sommet réunira plus de 60 chefs d'Etat et de gouvernement en l'absence de 7 dirigeants du G8. La FAO a organisé ce sommet dans l'espoir que les gouvernements s'engagent à faire passer leur aide publique au développement consacrée à l'agriculture de 7,9 milliards de dollars actuellement à 44 milliards.

La déclaration finale adoptée dès la première journée évoque une simple promesse générale d'injecter plus d'argent dans l'aide au secteur agricole, sans faire état d'un quelconque objectif ou d'un calendrier pour agir, rapporte Le Point. Un engagement visant à éradiquer la malnutrition d'ici 2025 a également disparu du texte, qui mentionne une simple promesse d'éliminer la faim "dans les meilleurs délais possibles".

Les ONG rassemblées pour un forum de la société civile en marge du sommet se sont montrées sceptiques sur la portée de ce dernier.

Dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les états se sont engagés à réduire de moitié la proportion de la population souffrant de la faim dans le monde d'ici à 2015, mais le document ne prévoit aucune ressource pour y arriver, a critiqué Francisco Sarmento, de ActionAid.

Les états ont pris beaucoup de retard et ne devraient ni respecter leurs engagements, ni atteindre les objectifs fixés, indique Oxfam. L'organisation dénonce également la tendance des pays riches à "favoriser l'utilisation de fertilisants chimiques et de nouvelles technologies, notamment en Afrique", au lieu d'"encourager le développement durable et l'agro-écologie".

Pour de nombreux états, note Oxfam dans un communiqué, la crise mondiale provoquée par la hausse brutale des prix alimentaires en 2008, témoigne de l'incapacité des institutions et forums internationaux à remplir leurs rôles. La réforme de la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire est un point clé de réflexion qui sera débattu au cours du Sommet.

En 2008, la flambée des prix de denrées alimentaires de base comme le riz et le blé avait déclenché des "émeutes de la faim" dans une soixantaine de pays. Selon Olivier de Schutter, rapporteur des Nations unies pour le droit à l'alimentation depuis 2008, la situation ne s'est pas amélioré depuis ces émeutes, rapporte Le Monde. "Toutes les conditions pour une nouvelle crise alimentaire sont réunies".

"Les prix agricoles ont fortement baissé sur les marchés internationaux. Mais sur les marchés locaux des pays en développement, ils restent bien plus élevés qu'il y a deux ou trois ans. L'enjeu actuel, selon M. de Schutter, est : va-t-on continuer à miser sur un petit nombre de grands producteurs ou renforcer les petits fermiers, dont dépendent la majorité des populations des pays en développement ?"

Ces dernières décennies, "l'intervention des États dans la régulation des prix a été réduite, les producteurs les plus importants ont été aidés à développer des filières d'exportation et les petits fermiers s'en sont retrouvés marginalisés, ce qui a conduit à un exode rural massif". (...) On persiste dans des politiques d'encouragement des exportations. Le discours dominant est qu'il faut produire davantage, mais le vrai problème est qu'un milliard de personnes n'ont pas assez d'argent pour acheter la nourriture disponible." Il rappelle également l'impact environnemental de l'agriculture d'exportation.

Par ailleurs, dit-il, se pose la question "s'il est raisonnable d'encourager la perpétuation d'un mode de consommation aux impacts très négatifs. Si tout le monde imitait le régime alimentaire des États-Unis, il faudrait six planètes". Une question éludée par le FAO, dit-il.

Graphiques: Population en millions en état de sous-alimentation. Source: ONU, FAO.

Psychomédia avec sources:
Le Point
Le Monde
Oxfam (communiqué ReleifWeb)
Jeune Affrique (AFP)