Les jeunes de la rue suscitent le mépris des uns et la compassion des autres. Pour mieux comprendre leur vécu quotidien, des chercheurs ont mené une vaste enquête auprès de 428 d'entre eux, et ce, dans huit villes du Midwest américain. Interrogés sur l'endroit où ils ont passé la nuit précédente, 40% ont répondu dans un refuge pour sans-abris, 16% chez un ami ou une connaissance, 16% dans une famille d'accueil, 11% chez un parent et 10% dans la rue ou dans un un immeuble abandonné. Pas très rose comme situation. Ces jeunes âgés entre 16 et 19 ans en étaient en moyenne à leur huitième fugue. Caprice ou nécessité? Une chose est sûre, leur santé mentale s'est révélée très inquiétante. On a déterminé que 67% d'entre eux souffraient d'au moins deux troubles mentaux parmi les cinq évalués (dépression majeure, trouble de stress post-traumatique (TSPT), abus d'alcool, abus de drogues et trouble des conduites) comparativement à 10% d'un échantillon de 622 jeunes du même âge représentatifs de la population américaine. Des jeunes femmes évaluées, la prévalence à vie de TSPT était de 45%, alors que celle de trouble des conduites était de 82% chez les jeunes hommes. Bref, pour les cinq troubles étudiés, on a observé des prévalences à vie deux à 17 fois plus fréquentes que dans la population générale. Facile de condamner, beaucoup plus difficile d'aider.
Source: Whitbeck, L. B.et al. (2004). "Mental disorder and comorbidity among runawayand homeless adolescents". Journal of Adolescent health, 35(2), p. 132-140.
par Sophie Desjardins, M.Ps
"La recherche le dit". Psychologie Québec, vol. 21, no. 5, sept. 2004, p. 50.