"Quelles sont les attentes des sans-abri ? Comment jugent-ils les dispositifs mis en place pour leur venir en aide ? L'association Emmaüs, qui épaule ces publics en région parisienne, a tenté d'y voir plus clair en commandant une enquête à l'institut de sondage BVA. Du 17 novembre au 5 décembre, quelque 400 personnes, accueillies dans l'une des structures de l'association, ont été questionnées par les travailleurs sociaux d'Emmaüs.
Cette étude jette une lumière crue sur les difficultés rencontrées par les sans-domicile-fixe. Ainsi, 44 % d'entre eux ont, "souvent" ou "de temps en temps", de la peine à "trouver de quoi manger pendant toute une journée". Lorsqu'ils ont besoin de se faire soigner, près d'un SDF sur trois affirme que "le plus difficile" est d'accéder à ses droits (obtenir la couverture maladie universelle ou l'aide médicale d'Etat, etc.). Enfin, les "attitudes de rejet", de la part de passants ou de commerçants, concernent une écrasante majorité des personnes sondées (83 %).

Pour la plupart des sans-abri interrogés, vivre à la rue ou se réfugier dans un centre d'hébergement constitue un pis-aller. Dans 7 cas sur 10, ils rêvent d'un "logement privé" tandis que 17 % opteraient pour "un lieu collectif" et seraient même disposés à fournir un effort pour en bénéficier (travail, contribution financière, entretien...). Toutefois, et "contrairement à une idée répandue", souligne Emmaüs, les SDF préfèrent se rendre dans un lieu d'accueil plutôt que de rester dehors. Cette opinion est défendue par près de 8 sondés sur 10 et elle est encore plus nette chez les jeunes ou chez ceux qui occupent un emploi. Mais 20 % de sans-abri jugent tout de même préférables de passer la nuit à la rue si on ne leur propose une prise en charge que de 24 heures.

Pour obtenir un hébergement, près de la moitié des personnes interrogées privilégient le contact dans un lieu d'accueil. Celles qui composent le "115" afin d'être orientées vers un foyer ne sont que 44 %. Pour Emmaüs, ces statistiques "interrogent l'organisation de la distribution des places libres" en région parisienne et mettent en exergue "l'importance de la relation directe". De même, près de 7 SDF sur 10 estiment qu'il est nécessaire d'ouvrir de nouvelles structures dans chaque arrondissement de la capitale. Une telle opinion montre, d'après Emmaüs, que "des centres de proximité" sont très utiles pour tisser des liens avec les personnes les plus désocialisées. L'action des travailleurs sociaux est particulièrement appréciée, car ils apportent l'aide la plus grande, pour 60 % des sans-abri.

Malgré leurs conditions de vie éprouvantes, les SDF demeurent optimistes. Les trois quarts considèrent que leur situation va s'améliorer. Et 82 % d'entre eux pensent qu'ils auront leur propre logement dans les cinq années à venir.

La publication des résultats de cette enquête a fait l'objet d'un partenariat entre la direction régionale des affaires sanitaires et sociales d'Ile-de-France, Le Monde et RTL."

Source: www.lemonde.fr/web/
article/0,1-0,36-720603,0.html

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