Suite à des découvertes récentes sur les interactions entre le système nerveux et le système immunitaire, des chercheurs visent à développer des traitements des maladies auto-immunes, telles que la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn, au moyen d'implants de stimulation électrique comparables au pacemaker, rapporte The Guardian.

La technologie repose sur la stimulation du nerf vague.

Le nerf vague est un faisceau de fibres nerveuses s'étendant du cerveau à l'abdomen, se ramifiant vers les organes, dont le cœur, la rate, les poumons et l'intestin, et relayant les signaux des organes du corps au cerveau et vice versa.

Le dispositif est habituellement implanté sous la clavicule gauche, avec des fils électriques allant jusqu'au nerf vague du cou et est déjà utilisé pour traiter l'épilepsie et la dépression résistantes au traitement.

Parmi les études qui ont alimenté l'enthousiasme, rapporte le quotidien, il y a celle publiée par Kevin Tracey, président du Feinstein Institute for Medical Research et cofondateur de la société de bioélectronique SetPoint Medical, et ses collègues en 2016 : sur les 17 participants atteints de polyarthrite rhumatoïde qui ont participé à un essai clinique, plus des deux tiers ont présenté une amélioration d'au moins 20 % de leur maladie, dont deux étaient en voie de rémission.

Une étude pilote au Royaume-Uni, menée avec 15 personnes atteintes du syndrome de Sjögren, une maladie auto-immune systémique caractérisée par une insuffisance de production des glandes exocrines, donneraient aussi des résultats prometteurs, selon les auteurs.

Des groupes de recherche dans le monde entier ainsi que des entreprises comme General Electric, GlaxoSmithKline et Google investissent dans ce nouveau domaine de la « bioélectronique » ou « électroceutique ». Les National Institutes of Health des États-Unis ont également accordé des millions $ pour la recherche dans ce domaine.

L'approche s'appuie sur le « réflexe inflammatoire », un processus découvert par Tracey dans lequel l'information sur les dommages aux tissus et l'inflammation est transmise au cerveau, via le nerf vague, lequel transmet alors un signal de retour aux organes pour modérer l'inflammation.

Jusqu'à récemment, il était considéré que le cerveau n'avait aucune influence sur le système immunitaire.

C'est en stoppant la production d'une molécule, le « facteur de nécrose tumorale » (FNT), que la stimulation du nerf vague peut traiter des maladies comme la polyarthrite rhumatoïde. Le FNT, impliqué dans l'inflammation, est principalement libéré par un type de globules blancs, les macrophages, qui se trouvent dans la rate et ailleurs dans le corps.

Les médicaments actuellement utilisés pour se lier au FNT et bloquer son activité ne fonctionnent pas pour tout le monde et leurs effets secondaires peuvent inclure un risque accru de cancer.

Avec la stimulation du nerf vague, les niveaux de FNT sont réduits, plutôt que complètement bloqués, ce qui peut potentiellement permettre d'éviter les problèmes d'immunosuppression observés pour les médicaments bloquant le FNT. Les niveaux d'autres molécules de la rate liées à l'inflammation sont aussi réduits, ce qui suggère que la technique pourrait offrir de l'espoir à ceux pour qui les médicaments bloquant le FNT ont échoué.

Ces recherches n'en sont qu'au début et la route est encore longue avant que la bioélectronique puisse être utilisée en clinique pour les maladies auto-immunes, soulignent des chercheurs.

Mais Tracey pense que ces nouveaux traitements pourront un jour aider à lutter contre des conditions aussi diverses que le diabète, l'hypertension, le cancer et la septicémie : « C'est la pointe de l'iceberg », dit-il.

L'électroceutique : une révolution en préparation (douleurs, maladies...)

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Psychomédia avec source : The Guardian
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